L'articulation des temps

Dans une configuration ordinaire où les cours sont dispensés uniquement en présence, la temporalité est dictée par l’emploi du temps de la semaine de chaque classe. La révision des leçons et les exercices peuvent se donner du jour pour le lendemain. Les devoirs sont planifiés par l’équipe pédagogique.

L’enseignement hybride, quant à lui, s’inscrit dans des temporalités variées, dictées par les configurations matérielles : cours dans la classe / cours hors la classe ; nombre d’élèves présents / nombre d’élèves à distance ; alternance des groupes présents et des groupes à distance.

À cela s’ajoute la double nature de l’enseignement à distance : synchrone et asynchrone. Dans l’enseignement à distance synchrone tous les élèves inscrits suivent le cours simultanément. Dans l’enseignement à distance asynchrone, l’élève programme lui-même le moment où il prend connaissance du cours pour le suivre. Ce temps peut aussi être fragmenté.

L’articulation des temps synchrones, c’est-à-dire où les élèves travaillent en même temps, et de temps asynchrones, laissant chaque apprenant décider du moment où il travaille, caractérise l’enseignement hybride. Elle permet de déployer un large éventail de situations d’enseignement.

Articuler, c’est à dire “relier harmonieusement ou dans un ordre logique les éléments d’un ensemble”, si l’on s’en réfère à la définition du Larousse, exige de porter une attention particulière à la complémentarité, à la cohérence des activités faites à distance et en présentiel.

La relation pédagogique est une composante essentielle de la transmission des connaissances ; elle se situe au centre du travail du professeur.

Dans un climat de confiance, propice aux apprentissages, le professeur s’appuie sur la connaissance fine qu’il a de ses élèves pour mieux communiquer et enseigner.

La qualité de la relation favorise la réception du cours, la motivation et l’implication de l’élève.

Un enseignement exclusivement à distance nécessite de maintenir cette relation dont dépend la continuité des apprentissages.

Une modalité hybride permet de construire et d’entretenir la relation même si elle passe par des canaux différents en présence et à distance.

L'engagement :

L'un des enjeux de l'enseignement hybride comme distanciel est de maintenir l'engagement des apprenants dans le travail qui leur est proposé.

La proposition d'activités variées qui mettent réellement les élèves dans une situation d'interactions et de collaboration avec leurs pairs sont des leviers pour susciter et maintenir la motivation.

LE CÔNE DE L'APPRENTISSAGE DE DALE (ENRICHI PAR ROCHELEAU, 2002). D'emblée, il faut dire que les pourcentages de la colonne de gauche n'ont aucun fondement scientifique et que ce n'est pas Dale qui les ait inscrits, mais une firme de formation américaine.

Le principe sous-jacent est le suivant : plus nombreux sont les sens impliqués dans le traitement de l'information, plus le cerveau est sollicité et plus il y a de traces d'apprentissage, donc un meilleur réseau neuronal qui s'inscrit dans le cerveau. Plus le réseau neuronal est solide, plus l'étudiant a des chances de recouvrer l'information. En ce sens, le mode actif est à privilégier, car l'étudiant qui manipule l'information se l'approprie davantage.Le meilleur apprentissage survient alors que les étudiants interagissent et discutent d'un objet d'apprentissage.

D’après Johanne Rocheleau, docteure en sciences de l’éducation, « le principe sous-jacent est le suivant : plus nombreux sont les sens impliqués dans le traitement de l’information, plus le cerveau est sollicité et plus il y a de traces d’apprentissage, donc un meilleur réseau neuronal qui s’inscrit dans le cerveau. » (2011)

Comment apprend-on ? La réponse la plus pertinente provient des découvertes en neurosciences exprimées par Stanislas Dehaene, psychologue cognitiviste et neuroscientifique, via les 4 piliers de l’apprentissage qui sont :

  • L’attention

  • L’engagement actif

  • Le retour d’information

  • La consolidation des acquis

En résumé : Je suis attentif – Je m’exerce – Je profite de mes erreurs pour progresser – Je répète. Le tout saupoudré de bienveillance.

L’attention

L’attention est un équilibre délicat à obtenir. Il s’agit de fournir, en tant qu’enseignant ou parent, un support propice à cela (clair, plaisant) et éviter absolument les tâches simultanées. Ainsi, un cours en classe avec de trop nombreuses informations et sans hiérarchie d’importance de l’information diluera cette attention.

Afin de focaliser son attention, il est également judicieux de définir un objectif qui servira de motivation et donnera du sens à l’acte d’apprendre. C’est encore mieux si cet objectif est auto-concordant : « Quel intérêt ai-je à apprendre cela ? » « Quel est mon objectif ? » « Cet objectif est-il relié avec ce que je sais déjà/ avec ce qui me plait/me passionne ? »

L’engagement actif

La passivité est un frein à l’apprentissage. Les élèves ont besoin d’agir pour s’approprier les connaissances. Cet effort cognitif est essentiel. On peut notamment organiser des exercices, des quiz, des tests et favoriser la collaboration entre les élèves pour développer cet engagement. Retenons aussi que le jeu est un booster d’engagement et que bouger et s’appuyer sur plusieurs sens (toucher, odorat, visuel,…) dynamisent le cerveau et accélèrent l’apprentissage.

Le retour d’information

Le retour d’information implique une considération des erreurs comme chances d’apprentissage pour ajuster les connaissances. Le cerveau fonctionne ainsi par tâtonnement : prédiction, erreur, nouvelle prédiction,… Sans ce signal «erreur», impossible d’ajuster correctement.Dans cette logique, punir ou sanctionner pour une erreur est contre-productif car le stress et la peur bloquent l’apprentissage. Le droit à l’erreur est donc primordial !

Notons que ce retour d’information concerne aussi les résultats justes. Une valorisation des réussites implique un renforcement positif et la création d’un modèle de référence pour corriger les erreurs de prédiction

La consolidation des acquis

Consolider les acquis signifie passer d’un mode conscient à un mode inconscient. Quand nous découvrons un sujet à apprendre, nous explorons et réfléchissons consciemment (des connexions neuronales se créent). Lorsque nous l’avons compris et acquis, l’inconscient peut prendre le relai. C’est comme apprendre à rouler à vélo sans les petites roulettes. L’effort conscient et l’ajustement des premiers instants devient progressivement un automatisme : l’équilibre est acquis, le pédalage régulier, la direction du vélo se fait automatiquement, etc. Ce mode inconscient est beaucoup plus puissant et rapide que le mode conscient. C’est lui qui est aux commandes de notre existence 90% du temps (avez-vous conscience de respirer par exemple ?). Le passage du conscient à l’inconscient s’assimile au passage de l’explicite à l’implicite.

Pour parvenir à ce stade inconscient, nous devons répéter à intervalle régulier (les gestes, les connaissances,…) afin que la mémoire soit «gravée» (les connexions neuronales de renforcent).

Le sommeil joue un rôle central dans cette consolidation.